La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

Eugène Onéguine

Un synopsis musical avec Alain Altinoglu

Une histoire d’amour qui n’en est pas une, le spleen, les bals grandioses, des élans passionnés, un duel dans la brume, des mélodies enivrantes… Voilà tous les ingrédients d’un chef-d’œuvre signé Piotr Ilyitch Tchaïkovski. Lisez ici le synopsis d’Eugène Onéguine, accompagné d’une sélection des grands moments musicaux de l’opéra effectuée et commentée par le chef d’orchestre Alain Altinoglu.

ACTE 1

Une maison de campagne. Un jardin. Madame Larina, sa gouvernante Filippievna et ses deux filles, Tatiana et Olga, entendent le chant joyeux d’un groupe de paysans. Tatiana lit une histoire d’amour qui l’émeut, mais sa mère lui dit à quel point la vie ne ressemble pas aux romans. Les dames reçoivent la visite de Lenski, le fiancé d’Olga, un jeune poète, accompagné de son nouvel ami Eugène Onéguine, un noble originaire de Saint-Pétersbourg. Après les présentations d’usage, ce dernier fait part à Lenski de son étonnement sur le choix qu’il a fait entre les deux sœurs. Tatiana, de son côté, est immédiatement tombée sous le charme d’Onéguine. Le soir venu, elle lui écrit une lettre passionnée dans laquelle elle lui déclare qu’il est l’homme que lui envoie le destin.

Peu de temps après, Onéguine rend visite à Tatiana pour donner suite à sa lettre. Il lui dit ne pas être un homme qui aime facilement, ni être disposé au mariage. Humiliée, la jeune femme est incapable de répondre.

La musique de Tchaïkovski.

Alain Altinoglu — De tous les compositeurs russes, Piotr Ilyitch Tchaïkovski est celui qui s’est le plus inspiré de la musique occidentale – de Mozart surtout –, on le remarque dans ses structures assez classiques, parfois jusqu’à l’extrême. Tout coule de source, cela vous touche directement. Il est moins novateur qu’un Wagner, mais je pense qu’il voulait atteindre une forme de pureté. Sa complexité ne vient pas spécifiquement de l’harmonie ou du rythme. Si vous prenez ses ballets, les structures y sont simplissimes, et donc plus « immédiates » pour un·e auditeur·ice qui les recevra plus facilement. Cette clarté structurelle vient aussi du fait que Tchaïkovski savait pertinemment bien qu’un danseur comptait jusqu’à « huit et ».

Cette simplicité ne l’a pas empêché de créer de magnifiques mélodies pour ses ballets, avec des innovations dans l’orchestration : l’intervention d’un célesta ou d’un chœur d’enfants, d’extraordinaire solos pour violon en dialogue avec la chorégraphie. Et puis, comme tous les grands compositeurs, il s’est défini un style immédiatement reconnaissable. Quand on entend sa musique, on se dit toujours : « Ah, ça c’est du Tchaïkovski ! »

ACTE 2

Un bal a été organisé chez les Larine pour la fête de Tatiana. Onéguine, irrité par Lenski – qui l’a convaincu de venir – et par les commérages des gens de la campagne sur sa relation avec Tatiana, décide de se venger en dansant et en flirtant ouvertement avec Olga, suscitant la jalousie de Lenski. Apparemment séduite, Olga reste insensible aux plaintes de son fiancé. Un invité français, Monsieur Triquet, chante quelques couplets en l’honneur de Tatiana.

La querelle reprend et s’envenime. Lenski renonce publiquement à son amitié avec Onéguine et, à la stupeur des convives, le provoque en duel. Malgré sa réticence, Onéguine est forcé d’accepter. À l’aube, dans les bois, au bord d’un ruisseau, Lenski chante son amour pour Olga, et évoque son propre destin si incertain.

Onéguine arrive. Les deux hommes se font face, armés de pistolets. Ils hésitent à poursuivre le duel, mais n’ont pas la force d’arrêter. Ils tirent. Lenski s’écroule et meurt.

ACTE 3

Quelques années plus tard, un bal est donné dans la maison d’un noble fortuné de Saint-Pétersbourg. On y retrouve Onéguine, rongé par la mort de son ami et la vacuité de son existence. Le prince Grémine entre avec son épouse, Tatiana. Quand il l’aperçoit, Onéguine est subjugué par la transformation de la jeune femme et soudainement animé du désir de regagner son amour. Il lui écrit une lettre la suppliant de l’aimer en retour. Tatiana ne comprend pas ce qui anime cette passion soudaine : sa richesse, son rang social ? Seul avec elle, Onéguine lui renouvelle sa déclaration d’amour avec fougue. Tatiana, les larmes aux yeux, lui rappelle combien ils avaient été proches du bonheur, puis le somme de partir. Il refuse. Elle admet l’aimer encore, mais choisit de rester fidèle à son mari. Onéguine l’implore une dernière fois, sans succès. Tatiana le quitte, le laissant seul à son désespoir…