La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT
Si vous retirez la culture à la
société, cette dernière sera dénuée de tout sens 
Portland
Quel est votre premier souvenir à la Monnaie ?

Jente (chanteur de Portland) : C’est Don Pasquale en 2018. Je me souviens encore précisément à quel point nous avions été submergés par la beauté du chant, des costumes, et par l’ambiance particulière. Nous avions l’impression d’avoir atterri dans un univers parallèle. Tant de traditions, tant d’histoire… Assister à un opéra pour la première fois est vraiment une expérience inoubliable.

Quel est le dernier opéra ou concert qui vous a ému(e) aux larmes ?

Sarah (chanteuse de Portland) : Je ne me souviens pas d’un moment en particulier, mais ce qui est vrai avec ce genre de représentation en live, c’est que cette larme ou ce sourire sont toujours là, cachés dans les parages. On sait et on sent qu’il peut se passer quelque chose de spécial. Ça n’arrive pas à chaque fois, mais on sait que ça peut arriver. Et c’est là que réside la beauté.
Jente : Je ne suis pas du genre à pleurer. J’ai plutôt tendance à rester bouche bée d’étonnement et d’admiration devant tant de talent – surtout ici à l’opéra.

Comment êtes-vous entrés en contact avec la musique ?

Jente : À mon grand regret, j’étais déjà adolescent lorsque j’ai commencé à découvrir la musique – un peu à contrecœur –, et ce n’est qu’à l’âge de seize ans que j’ai vraiment commencé à en jouer activement.
Sarah : C’était vraiment si tard ? Moi, j’aimais déjà la musique quand j’étais petite. Écouter, chanter, imiter, essayer de jouer des choses. La musique a toujours occupé une place importante dans ma vie.

Qu’est-ce qui rend la Monnaie si spéciale pour vous ?

Jente : Tout ! La question qu’il faut réellement se poser est : « Qu’est-ce que qui n’est pas spécial à la Monnaie ? » (sourire) Non, sérieusement, il y a tellement de choses à voir ici, le bâtiment est déjà une véritable attraction en lui-même, et les représentations d’opéra sont tellement uniques. Je ne connais aucune autre forme d’art qui soit aussi impressionnante. Si je le pouvais, je viendrais assister à un opéra toutes les semaines.

Pourquoi les jeunes devraient-ils aller à l’opéra ?

Sarah : L’opéra est vraiment à la portée de tous. C’est important que les jeunes vivent l’expérience de l’opéra une fois dans leur vie. Un tout autre monde va alors s’offrir à eux. Un monde dans lequel certains plongeront avec plaisir, et d’autres moins. Mais cela n’a pas d’importance, ce qui compte c’est que l’opéra continue à exister et que chacun puisse y assister pour déterminer si ça lui plaît ou pas.
Jente : La Monnaie n’est en aucun cas destinée à une seule et unique génération. Il s’agit d’un univers très particulier qui séduit toute personne aimant les beaux spectacles.

En tant qu’artistes, dans quelle mesure êtes-vous inspirés par ce que vous voyez à l’opéra ?

Jente : Un opéra est très absolu. Le savoir-faire des musiciens, les acrobaties vocales toujours plus intenses des chanteurs le rendent très inspirant. Même si le genre que nous interprétons est assez éloigné de l’opéra, il nous incite à être tout aussi disciplinés et professionnels que les artistes de la Monnaie.

Quel est le rôle de la culture dans notre société actuelle ?

Sarah : La culture est aussi indispensable que l’eau. Si la pandémie a bien montré quelque chose, c’est que les gens ont besoin de toutes les formes possibles et imaginables de culture, parce qu’elle rassemble les gens, les inspire, les émeut et les rend heureux.
Jente : Si vous retirez la culture à la société, cette dernière sera dénuée de tout sens. Quelle que soit votre préférence en matière de film ou de musique, dès que vous l’appréciez en compagnie de plusieurs autres personnes, il se produit quelque chose d’indescriptible. Il n’est pas seulement important pour le public de vivre la culture, il est encore plus important pour les artistes de pouvoir créer. Et le gouvernement a certainement un rôle de soutien à jouer dans ce domaine.

L’opéra est-il une forme d’art ultime – ou pas – pour vous ?

Jente : L’opéra est sans aucun doute la forme d’art ultime. En tant que représentants d’un genre musical un peu plus léger, nous ne pouvons même pas imaginer le nombre d’heures – que dis-je de jours, de semaines – qu’il faut passer à répéter pour donner vie à un spectacle aussi total. Car il ne s’agit pas seulement de la musique, mais aussi de la mise en scène, des décors, des costumes, etc. Je ne saurais même pas par où commencer. L’opéra dépasse vraiment tout ce qu’on peut imaginer.
Sarah : Il est assez facile de dire qu’« à l’opéra, tout est réuni », mais c’est vraiment le cas. Et d’une manière que, en tant que « simple mortel(le) », on ne peut pas imaginer. C’est du direct, c’est complexe. Il n’y a pas de place pour les erreurs, chaque performance est un exploit et j’admire vraiment cela.

Quel rôle voudriez-vous interpréter un jour ?

Sarah : Le deuxième opéra auquel nous avons eu le plaisir d’assister à la Monnaie était Le conte du Tsar Saltane, dans lequel une princesse-cygne jouait derrière un écran sur lequel toutes sortes de choses étaient projetées. J’aimerais bien jouer ce rôle moi-même un jour.
Jente : Si j’avais le choix, je chanterais certainement le rôle du méchant. Ne me demandez pas pourquoi, mais j’ai toujours voulu jouer les anti-héros. Perturber une belle idylle, voilà qui me plairait.