La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

Cassandra

Argument

Marie Mergeay
Temps de lecture
5 min.

Une ville incendiée et la fonte des glaces, une prophétie ignorée et un constat scientifique implacable, une malédiction et l’espoir d’y remédier un jour : lisez ici le synopsis de Cassandra.

PROLOGUE – Quelque part au loin

Des esprits humains de tous les temps font entendre leurs voix depuis le néant. Ils s’adressent à Cassandre, évoquant sa frénésie, ses prophéties, la malédiction qui l’a frappée. Ils voient Troie en feu, comme elle l’avait prédit. C’était alors. C’est maintenant.

PREMIÈRE SCÈNE – Troie brûle, Cassandre regarde

Impuissante, Cassandre assiste à la destruction de Troie par les flammes. Voyant se produire ce qu’elle avait annoncé sans être entendue, elle hurle sa détresse. S’agit-il seulement du passé, ne s’agit-il pas aussi de notre futur ? « Ce qui fut, ce qui est, ce qui doit être. »

DEUXIÈME SCÈNE – « Appelez-moi Cassandre »

De nos jours. Sandra Seymour, doctorante en climatologie, clôture un colloque sur le climat par un spectacle de stand-up dans lequel elle transmet le résultat de ses recherches avec une solide dose d’humour. Elle espère de cette manière pousser ses auditeurs à agir, ce que les scientifiques ne
parviennent pas à faire au moyen de leurs données arides. Le public l’acclame, mais à l’issue de sa prestation, un activiste la prend à partie dans les coulisses : comment peut-elle rire d’un sujet tel que le réchauffement climatique ? Il s’agit de Blake, un étudiant en lettres classiques. Malgré cette vive entrée en matière, le courant passe tout de suite entre les deux jeunes gens.

TROISIÈME SCÈNE – Tu as craché dans ma bouche

Apollon a octroyé à Cassandre le don de voir l’avenir, mais comme elle n’a pas répondu à ses avances, il lui a craché dans la bouche : personne ne croira ses prophéties. Le dieu tente une nouvelle fois de séduire la jeune femme. Cassandre lui tient tête et évoque d’autres femmes qu’Apollon a voulu conquérir. Il la nargue : pense-t-elle être la seule capable de « voir » ? L’avenir est à portée de main ; quiconque le veut vraiment peut le voir. Cassandre est rongée par le deuil et le chagrin.

QUATRIÈME SCÈNE – Les abeilles (1)

Une centaine d’abeilles bourdonnent.

CINQUIÈME SCÈNE – Ototoï popoï da

Une année s’est écoulée depuis que Sandra et Blake se sont rencontrés et sont tombés amoureux. À présent, ils vivent ensemble, et chacun d’eux travaille à sa thèse : à l’aide d’algorithmes, Sandra modélise la fonte de la calotte glaciaire en Antarctique et ses conséquences ; Blake étudie l’Agamemnon d’Eschyle. Au cours d’une discussion, Blake cite une expression prononcée par Cassandre dans la pièce de théâtre : « Ototoï popoï da » – exclamation qui exprime l’horreur indicible des visions de la prophétesse. Bien que leurs domaines respectifs semblent très éloignés, les jeunes chercheurs observent de nombreuses concordances entre ceux-ci. À l’instar des prédictions de Cassandre, les prévisions de Sandra à propos de la crise climatique ne sont pas entendues : c’est une « chanson prophétique, malvenue, importune ». La discussion est interrompue par la sonnerie du téléphone : la mère de Sandra invite le couple à sa fête d’anniversaire.

SIXIÈME SCÈNE – Dîner de famille

Sandra, ses parents Victoria et Alexander, sa sœur Naomi, ainsi que Blake sont réunis pour célébrer les 55 ans de Victoria. L’atmosphère est joyeuse, les convives évoquent différentes manières de prédire l’avenir, et les taquineries vont bon train. Mais Sandra n’apprécie pas du tout que son travail
scientifique soit comparé à de la divination. Au cours de la discussion, il est question du voyage que les parents ont effectué en Antarctique pour rendre visite à leur fille, et de l’état alarmant de ce continent. Alexander fait peu de cas des propos de Sandra annonçant une catastrophe pour les calottes glaciaires ; au contraire, il pointe les opportunités qu’offre la fonte des glaces polaires dans son domaine – notamment la possibilité d’exploiter de nouvelles ressources… Choqués par de tels propos, Sandra et Blake décident de s’en aller. L’arrivée du gâteau d’anniversaire les retient. Après que Victoria a soufflé les bougies, Naomi parvient enfin à annoncer qu’elle est enceinte.

SEPTIÈME SCÈNE – Dans la bibliothèque des morts

Des personnages du passé errent dans la «bibliothèque des morts». Le roi Priam relit sans cesse ce qui a été écrit, au cours de l’histoire, au sujet de sa mort et de la chute de Troie. Il reproche à Cassandre d’avoir lancé une malédiction contre lui et contre la ville, alors qu’elle n’avait fait qu’annoncer la catastrophe à venir. Hécube plaide en faveur de leur fille, et Priam prend peu à peu conscience que les paroles de Cassandre ne tenaient pas de la malédiction, au contraire. Restée seule dans la bibliothèque, la jeune femme est envahie par une vision – celle de sa propre mort ? ou de la mort de quelqu’un d’autre ?

HUITIÈME SCÈNE – Le chant des sirènes de la maternité

Sandra et Blake sont chez eux. Ils s’aiment, mais se heurtent à un désaccord. Alors qu’il s’apprête à partir en Antarctique pour une mission d’intervention écologique risquée, Blake exprime son souhait d’avoir un enfant avec Sandra. La jeune femme éprouve un sentiment ambivalent: est-il bien raisonnable
de donner la vie dans ce monde ? Blake défend le point de vue selon lequel ils se battent pour un monde meilleur – celui de leurs enfants. Au fond d’elle, Sandra reconnaît qu’elle entend l’appel des sirènes de la maternité. Mais elle craint le « naufrage » de notre monde.

NEUVIÈME SCÈNE – Les abeilles (2)

Quinze abeilles bourdonnent.

DIXIÈME SCÈNE – Berceuse

Naomi chante une berceuse pour son enfant qui va bientôt naître : une fille qu’elle appellera Alexandra.

ONZIÈME SCÈNE – Un bateau en route pour l’Antarctique

Sandra a terminé sa thèse et donne une dernière fois son spectacle, mais sous une autre forme. Le ton très sérieux qu’elle y adopte n’est pas au goût de tous les spectateurs. Les invectives et les insultes volent. Certaines personnes sortent de la salle. Sandra annonce alors qu’elle va quitter le monde académique et la scène pour devenir activiste, à l’instar de Blake qui est en route pour l’Antarctique.

Ses parents et sa sœur assistent à la représentation. Au cours de celle-ci, le père de Sandra reçoit un appel téléphonique lui annonçant que le bateau à bord duquel se trouvait Blake a coulé. À l’issue du spectacle, toute la famille vient annoncer la terrible nouvelle à Sandra ; celle-ci s’effondre. Naomi perd les eaux au même moment. Sandra se retrouve seule. Cassandre lui apparaît.

DOUZIÈME SCÈNE – Personne, jamais, ne me privera de ma voix

Sandra comprend peu à peu qu’elle est en présence de Cassandre et que leurs destins sont liés. Cassandre, qui a tant souffert, semble essayer de consoler Sandra – elle connaît bien l’épreuve que vit la jeune femme. Avant de disparaître, elle insiste sur le fait qu’il n’y a pas de dieu pour cracher dans la bouche de Sandra. Personne ne peut donc l’empêcher d’être « entendue ».

TREIZIÈME SCÈNE – Les abeilles (3)

Cinq abeilles bourdonnent. Elles n’ont pas conscience de ce qui est en train de se passer.

— Traduction : Brigitte Brisbois