La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

Il trittico

Argument

Tobias Kratzer
Temps de lecture
4 min.

Il trittico de Giacomo Puccini est composé de trois courts opéras dans des registres différents, qui – l’instar des récits d’un recueil de nouvelles – ne présentent pas de rapports directs en termes de contenu, mais dont les thématiques s’entrelacent discrètement et se reflètent les unes les autres.

IL TABARRO

L’amour romantique entre Michele et Giorgetta s’est évanoui. Depuis la mort de leur enfant, ils ne parviennent plus à se retrouver. En vieillissant, Michele observe toujours davantage, dans le pénible travail sur sa péniche, la détresse et la situation désespérée des personnes socialement défavorisées. Giorgetta se réfugie dans une liaison passionnée avec le viril Luigi, un salarié de son mari.

Tandis que la vie sur le quai poursuit son cours, Tinca et Talpa, les deux autres déchargeurs, noient leurs soucis dans l’alcool, et Frugola, la femme de Talpa, s’adonne à des fantasmes d’évasion. Michele, lui, rêve du triomphe des laissés-pour-compte.

Lorsque Giorgetta arrange un rendez-vous secret avec son amant Luigi cette nuit-là, c’est la catastrophe : Michele assassine son rival puis montre à Giorgetta le cadavre de son amant – dissimulé sous le manteau avec lequel lui-même la réchauffait en des temps plus heureux.

SUOR ANGELICA

Passions réprimées et désirs inexaucés caractérisent la vie dans un couvent de religieuses : sœur Osmina cache des « roses » dans sa manche durant la messe, sœur Dolcina languit après des friandises, et sœur Genovieffa, après la proximité physique. Mais c’est sœur Angelica qui cache le plus lourd secret : elle est la mère d’un enfant illégitime.

Lorsque son impitoyable tante lui rend visite pour obtenir sa signature dans une affaire d’héritage, sœur Angelica apprend une terrible nouvelle : son petit garçon a succombé à une maladie grave il y a deux ans déjà.

Sœur Angelica cherche en vain la paix dans la prière. Abandonnée de Dieu et des autres sœurs, elle ne voit d’issue possible que dans le suicide. Alors qu’elle est sur le point de mourir, son fils lui apparait, et elle trouve le réconfort dans les sonorités de chœurs célestes.

GIANNI SCHICCHI

Sur son lit de mort, le riche Buoso Donati lègue ses biens à un couvent. À la découverte de son testament, la nombreuse parenté du défunt – menée par sa cousine Zita – est dépitée et se sent flouée.

Rinuccio, un jeune membre du clan, a une idée : demander de l’aide au père de sa bien-aimée Lauretta, Gianni Schicchi, que tout le monde connait. D’abord considéré d’un œil critique en raison de son rang inférieur, Gianni Schicchi finit par convaincre la famille prétendument noble d’exécuter son plan, qui consiste à cacher la dépouille de Buoso Donati tandis que lui-même, vêtu des habits du défunt, dictera un nouveau testament au notaire.

Et de fait, Gianni Schicchi parvient à duper le docteur et le notaire, mais aussi la famille : il fait établir un testament dont il est lui-même le principal bénéficiaire. Les parents indignés ne peuvent dénoncer la supercherie : ils révèleraient alors leur propre participation au pot-aux-roses.

La famille se retrouve de nouveau privée de son héritage. C’est le triomphe du pauvre bougre Gianni Schicchi. Et l’avenir appartient à l’amour romantique du jeune couple Rinuccio et Lauretta.

— Traduction : Émilie Syssau