La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

Short & sweet

Avec Bejun Mehta

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6 min.

Après son interprétation du rôle-titre dans Orlando de Haendel en 2012, le célèbre contre-ténor Bejun Mehta revient à la Monnaie pour un récital original consacré aux différentes formes que peut prendre l’amour. Nous lui avons demandé de répondre brièvement et avec audace à un petit questionnaire proustien de notre confection…

Si vous étiez dans une pièce avec tous les compositeurs que vous avez sélectionnés pour votre récital à la Monnaie, quelle serait votre première question ?

Je voudrais qu’ils discutent entre eux de leur méthode. La musique apparaît-elle simplement dans leur tête avant d’être retranscrite ? Ou une partie importante de la création se produit-elle dans l’acte de mettre la musique sur papier ? S’ils se mettaient à discuter, on pourrait apprendre des choses incroyables.

Quels seraient les trois premiers adjectifs que vous utiliseriez pour décrire la musique de votre programme pour ce récital ?

Authentique, sincère, énergique.

Quand vous chantez, y a-t-il un geste spécifique que vous faites fréquemment ?

J’essaie vraiment de ne pas en avoir, pas de « bras qui s’avancent comme font beaucoup de ténors pour les notes élevées », etc. Il est possible qu’un mouvement se produise de manière naturelle par rapport au contenu de l’œuvre. Mais sinon, l’immobilité, c’est bien aussi. Surtout en récital.

Si vous pouviez revivre un moment de votre carrière professionnelle en tant que chanteur, lequel choisiriez-vous ?

Il y en a tellement ! J’ai adoré enregistrer Ombra Cara, mon premier disque pour Harmonia Mundi. J’avais une grande liberté.

Selon votre famille, vos collègues de travail ou vos amis, quel est votre principal trait de caractère ?

Avec ma famille et mes amis, c’est la chaleur et la gaieté. Avec mes collègues de travail, c’est probablement le perfectionnisme et le sérieux. Nous avons tous de multiples facettes !

Quel est le premier morceau de musique qui vous a fait pleurer ?

Le deuxième mouvement du Double Concerto de Bach.

Que rapporteriez-vous d’un voyage dans le passé ?

Les parents de mon père. Ils vivaient en Inde, n’aimaient pas voyager, et sont morts quand j’étais très jeune, je ne les ai donc jamais connus.

Bejun et le chef d'orchestre Zubin Mehta, un cousin de son père.
Bejun et le chef d'orchestre Zubin Mehta, un cousin de son père. © Benedikt Dinkhauser
Sur quel sujet aimeriez-vous en savoir plus ?


Je veux toujours en savoir plus sur tout ce qui touche à la nourriture et au vin.

Quels chanteurs du passé ou du présent écoutez-vous pour vous inspirer ?

Arleen Auger, Fritz Wunderlich, Christa Ludwig, Janet Baker.

Quel est le dernier morceau de musique que vous avez écouté ?

« La présentation de la Rose » tirée de l’opéra Der Rosenkavalier de Richard Strauss (lors d’un cours que j’étais en train de donner).

Quelle est la première chose que vous faites lorsque vous commencez à travailler sur un nouveau récital ?

Je lis les textes. Encore et encore. Puis je commence à les réciter à haute voix.

Quelle qualité distingue un récital d’autres performances vocales ?

La concentration et l’attention sont toujours sur vous. Vous vous sentez davantage comme un réceptacle pour le compositeur en récital.

Préféreriez-vous mettre prématurément fin à votre carrière avec le récital parfait ou continuer à chanter professionnellement pendant très longtemps, mais sans atteindre la même perfection ?

Premièrement, la perfection n’existe pas dans l’art. Deuxièmement, le but du chant (et de tout art, en fait) consiste à faire preuve de suffisamment de discipline pour gérer ses ressources de manière à en préserver la santé le plus longtemps possible et à s’améliorer constamment. Pour ma part, j’arrêterai lorsque l’âge de mon corps ne me permettra plus de délivrer musicalement ce que j’ai en tête.

Quel est le premier récital auquel vous avez assisté ? 


Leontyne Price, à New York.

En dehors de celui avec lequel vous travaillez actuellement, par quel pianiste de l’histoire de la musique aimeriez-vous être accompagné lors d’un récital ?

Krystian Zimerman

Quels sont vos héros de fiction préférés ? Quels sont vos héros préférés dans la vie réelle? 

N’importe quel personnage central de tout ce que Alice Munro a écrit. Ses personnages sont étonnamment réels. Dans la « vraie vie », je dirais actuellement Stacey Abrams, la femme politique américaine qui a permis de faire basculer la Géorgie du côté bleu, ce qui a contribué à l'élection de Joe Biden, puis à lui donner une majorité démocrate au Sénat.