La Monnaie / De Munt LA MONNAIE / DE MUNT

La Dame de pique

Un synopsis musical

Louise Morfouace & Jasper Croonen
Temps de lecture
7 min.

Pas de chance en amour sans chance au jeu. C’est l’idée fixe qui poursuit Hermann dans La Dame de pique. Mais à force de jouer, il a perdu, au jeu comme en amour. Et tout au long de cette chute, trois heures de musique intense se seront écoulées... Découvrez ici l’histoire et les sept moments forts portés par cette musique lumineuse.

Acte I

Premier tableau

Par une journée ensoleillée, dans un jardin public, des enfants jouent. Certains miment une parade militaire. Deux amis, Tchékalinski et Sourine, discutent quant à eux du comportement étrange de Hermann, un officier désargenté qui, bien que fasciné par le jeu, n’y participe jamais. Arrive ce dernier, avec son ami Tomski à qui il se confie : il est tombé amoureux, mais craint, en raison de son absence de fortune, de ne pouvoir épouser la jeune femme, dont il ne sait pas grand-chose. Le riche Eletski rejoint alors le groupe, annonçant son mariage prochain avec Lisa, laquelle arrive à son tour en compagnie de
sa grand-mère, la comtesse. Tandis que Tomski félicite le fiancé, Hermann, stupéfait, reconnaît en Lisa la jeune femme dont il est épris. Les deux femmes remarquent, non sans effroi, le regard sombre du jeune homme. Tandis que gronde l’orage, un affreux pressentiment les envahit.

Tomski raconte à Hermann, Tchékalinski et Sourine l’histoire de la comtesse. Dans sa jeunesse, celle-ci vivait à Paris où elle était surnommée « la Vénus moscovite » en raison de son incroyable beauté. Ayant perdu toute sa fortune au jeu, elle réussit à récupérer son argent grâce à une combinaison de cartes gagnantes, que lui avait révélée un admirateur, Saint-Germain, en échange d’un rendez-vous galant. Par la suite, elle confia cette combinaison à deux autres hommes. Un spectre lui prédit alors que le troisième homme à qui elle la dévoilerait, mû par un amour dévorant, causerait sa perte. En entendant ce récit, Hermann se jure de découvrir la fameuse combinaison afin de pouvoir épouser Lisa.

Second tableau

Lisa est entourée de ses amies. Se trouve parmi elles Pauline, qui interprète un air mélancolique. Désirant égayer l’atmosphère, les autres entonnent une chanson traditionnelle russe. Entre la gouvernante, qui les rappelle à l’ordre : ce ne sont pas des manières pour des jeunes filles de bonne famille ! Elles s’en vont, laissant Lisa seule. Mais Pauline a remarqué la mine sombre de son
amie et s’inquiète pour elle.

Hermann fait irruption dans la chambre de Lisa et lui déclare sa flamme. Il est cependant interrompu par la comtesse, alertée par le bruit, et a juste le temps de se cacher. Lorsque la comtesse quitte enfin la pièce, Hermann et Lisa entament une discussion laissant transparaître la fascination du jeune homme pour la combinaison de cartes. Lisa, submergée par ses sentiments, lui avoue son amour.

Acte II

Troisième tableau

Tchékalinski et Sourine s’étonnent, dans le tumulte d’une fête, de l’intérêt persistant de Hermann pour les trois cartes et lui rappellent la prédiction du spectre. L’ angoisse de Hermann ne fait que croître. Eletski s’inquiète de la tristesse de Lisa et la prie, en vain, de se confier. Une pastorale divertit les invités.
Profitant de l’agitation, Lisa donne à Hermann la clef des appartements de sa grand-mère et lui explique comment la rejoindre. Ils se séparent, tandis que les invités se réjouissent de l’arrivée de la tsarine.

Quatrième tableau

Hermann, dans la chambre de la comtesse, contemple le portrait de celle-ci, puis se cache. Entre la comtesse, en compagnie de ses servantes. S’apprêtant à se coucher, elle se remémore sa jeunesse à Paris et entonne un air de Grétry. Une fois les domestiques renvoyés, Hermann sort de sa cachette et supplie la comtesse de lui révéler son secret. Paralysée et terrorisée, celle-ci s’effondre sous les menaces et meurt sans avoir dit un mot. Sur ces entrefaites, Lisa entre dans la pièce, découvre avec horreur le cadavre de sa grand-mère et, constatant l’obsession de Hermann pour la combinaison secrète, se met à douter de son amour. Hermann s’enfuit.

Acte III

Cinquième tableau

Hermann lit une lettre dans laquelle Lisa lui donne rendez-vous. La jeune fille ne peut se résoudre à croire que Hermann a tué la comtesse et qu’il ne l’aime pas sincèrement. Elle lui demande donc, tendrement mais avec une vive souffrance, une ultime confirmation de son amour. Hanté par l’image du cadavre de la comtesse, Hermann hallucine : au milieu des chants funèbres, le fantôme de la comtesse surgit, lui confie la combinaison tant convoitée (le trois, le sept, l’as) et lui demande de sauver Lisa.

Sixième tableau

Lisa attend Hermann au bord d’un canal, déchirée entre la crainte et l’espoir. À l’arrivée du jeune homme, elle se précipite dans ses bras. Hermann semble toutefois avoir perdu l’esprit : il délire, ne la reconnaît pas et finit par la repousser. Lisa, désespérée et impuissante, le regarde fuir vers la maison de
jeux avant de se jeter dans le canal.

Septième tableau

Dans la maison de jeux, autour d’une partie de cartes, les joueurs chantent et s’enivrent. Dépité, Eletski annonce à Tomski que ses fiançailles sont rompues ; il veut prendre sa revanche sur ce destin malheureux. Hermann s’installe à la table, au grand étonnement de tous. Pariant une somme énorme, il tire le trois et gagne. Il double la mise, tire le sept, et gagne à nouveau. Sous l’oeil abasourdi des autres joueurs, il délire, décrit la mort comme l’unique certitude d’une vie vouée au hasard, et propose de jouer une troisième fois. Eletski, décidé à se venger, accepte. Tchékalinski distribue les cartes. Hermann, sûr de vaincre, est persuadé de détenir l’as alors qu’il s’agit de la dame de pique. Apparaît alors le spectre de la comtesse. Hermann, au comble du délire, se suicide, après avoir, en une ultime vision, reçu le pardon de Lisa